Le manque de logements abordables a un impact sur le libre choix des femmes
Le 1er juillet ayant eu lieu il y a quelques semaines, nous avons tous.tes ressenti les impacts, de près ou de loin, de la crise du logement. Bien que chaque personne vive cette crise de manière bien différente en fonction de leurs privilèges, certaines personnes, surtout celles qui se retrouvent à la croisée de plusieurs systèmes d’oppression, sont touchées de plein fouet par cette crise. Il est impossible de nier que la crise du logement que nous vivons présentement a un impact particulier sur les femmes, particulièrement les femmes faisant face à une pluralité d’oppressions.
Dans cet article, nous allons aborder plus spécifiquement la réalité des personnes s’identifiant comme femmes, puisque c’est la clientèle avec laquelle nous intervenons le plus. Nous reconnaissons que la crise du logement touche aussi plusieurs autres personnes.
Pourquoi les femmes sont-elles plus affectées que d’autres par la crise du logement actuelle?
D’abord, bien que nous soyons en 2022, l’égalité entre les hommes et les femmes n’est pas encore atteinte et on le remarque notamment au niveau salarial. Il est généralement plus difficile pour une femme d’accéder à un revenu de base raisonnable afin d’avoir accès à un logement décent et sécuritaire. Sans compter l’équité salariale qui n’est pas encore atteinte, elles sont plus nombreuses à travailler à temps partiel et à devoir assumer des rôles familiaux multiples et genrés, comme celui de s’occuper des enfants et celui de proche aidante. De nombreuses femmes se retrouvent donc en situation de précarité économique. De plus, les femmes immigrantes et sans statut sont particulièrement vulnérables face à cette crise, puisqu’elles ont un accès limité accès aux programmes sociaux (CAFE, 2019).
Qu’est-ce que le libre choix?
À S.O.S. Grossesse Estrie nous travaillons avec des personnes en contexte de grossesse imprévue, ayant peur d’être enceintes ou vivant une situation difficile lors de la grossesse, ainsi que leurs proches. Nous définissons le libre choix comme la possibilité pour toutes les femmes, les personnes trans et non-binaires de décider si, quand et comment elles veulent des enfants. Le libre choix se définit comme un choix que l’on peut faire librement, sans influence ni pression.
Le libre choix est donc affecté lorsque l’on doit rester dans une situation qui ne nous convient pas pour des raisons telles que la sécurité financière, le logement, la sécurité alimentaire et j’en passe.
Par exemple, lorsqu’une femme vit une situation de violence conjugale, qu’elle est sans revenu et qu’elle habite avec son.sa conjoint.e, il n’est pas si simple de quitter ledit conjoint. La femme pourrait ne pas être en mesure de se trouver et/ou de se payer un logement dans le contexte actuel et donc, n’a pas d’autre choix que de demeurer avec un.e conjoint.e violent.e. Demeurer dans une situation de violence conjugale est également propice à vivre de la pression vers un choix ou un autre quant à la poursuite ou non de la grossesse. Une femme pourrait donc être contrainte dans son choix que l’on parle de garde, d’avortement ou d’adoption.
Vivre dans un logement salubre et sécuritaire a un impact positif sur la santé mentale et physique. Nous pensons que le fait de ne pas avoir de logement peut influencer grandement la décision de poursuivre ou non la grossesse. Rechercher un logement prend beaucoup d’énergie et de temps. Il peut ainsi être plus difficile de prendre des décisions importantes, penser à notre contraception et se sentir libre de prendre ses propres décisions. La crise du logement et la situation financière précaire des femmes nuisent à la possibilité de choisir le moment d’une grossesse dans une vie.
D’autant plus que de nombreuses femmes vivent également de la discrimination lorsqu’elles sont en recherche d’un logement. Que ce soit parce qu’elles ont de jeunes enfants, qu’elles bénéficient de l’aide sociale, qu’elles sont en situation de handicap, qu’elles sont immigrantes ou qu’elles appartiennent à la communauté LGBTQIA+, les femmes font face à plusieurs obstacles et discriminations dans la recherche d’un logement (CAFE, 2019). Ces discriminations freinent l’accès des femmes au logement et contribuent donc à nuire à leur libre choix.
Quelques idées pour y remédier, ou du moins, pour améliorer les choses?
Comme le souligne bien le rapport synthèse de CAFE (2019), il est souhaitable de développer des services et de construire des logements dans une perspective intersectionnelle et en tenant compte des besoins différents de chacun.e.s. Par ailleurs : « Une analyse féministe et systémique est essentielle afin de mettre en place des réponses inclusives et collectives. De plus, la participation des citoyen.ne.s est fondamentale à la durabilité des initiatives créées. Osons être à l’écoute! » (CAFE, 2019, p.7). Parallèlement, il serait également pertinent de revoir la loi F du bail, qui permet à un propriétaire de hausser le prix du loyer comme bon lui semble pour un immeuble bâti il y a moins de 5 ans.
En finissant, le libre choix nous concerne tous.tes et nous avons tous.tes un rôle à jouer pour que chaque personne puisse y accéder.